lundi 11 mai 2009

Botanique, jardinage et poétique.



Suite au commentaire de J.P à propos du texte précédent sur les jardins andalous, une précision s'impose:
Le botaniste, le jardinier et le poéticien peuvent occasionnellement travailler sur le même sujet: les jardins et les fleurs. Mais leurs activités sont totalement différentes. Le premier étudie les fleurs en tant qu'espèces végétales , en connaît la réalité"scientifique" si l'on peut dire, le second en connait les aspects pratiques et travaille à les cultiver, quant au poéticien, il n'a nul besoin de connaître la botanique ni le jardinage puisqu'il travaille sur les fleurs en tant que mots dans des poèmes. Mon essai n'est donc ni un précis de botanique, ni un essai sur le métier de jardinier. Mais une étude littéraire qui vise à comprendre le fonctionnement d’un thème particulier dans la poésie strophique appelée muwashshah et zadjal.


C’est en ce sens que l’appellation de djannân (jardinier ou botaniste) ne convient ni à Sanawbarî ni à Ibn Khafâdja. Quelles que soient leurs connaissances dans le domaine floral ou en arboriculture ces deux hommes sont avant tout des poètes. Quand ils parlent des arbres et des fleurs ce n’est point pour les décrire comme des objets réels. Leurs poèmes transfigurent les roses et les amandiers en leur assignant une fonction poétique .
Aussi la question qui nous préoccupe n’est pas de savoir si les poètes andalous connaissent ou non la flore du pays où ils ont vécu. Ce qui nous intéresse c’est de comprendre comment ils se saisissent des couleurs des fleurs pour « créer une esthétique littéraire florale». Quelle est la fonction des éléments floraux dans les poèmes amoureux et bachiques ? « Chaque aspect de la nature devenant métaphore du sentiment intérieur: la douceur triste de la lumière, la flétrissure des fleurs, le froid hivernal constituent les images d'un paysage moral et affectif. La description de la nature prend un tour psychologique. »
Ceci dit, le poéticien sait aussi admirer les fleurs pour leurs couleurs et leurs formes et sait aussi, à l'occasion, reconnaître leurs magnifiques parfums.

1 commentaire:

jp a dit…

merci pour cette note, effectivement les textes des poètes ont une autre dimension que ceux des agronomes, ils se situent malgré tout dans un référentiel culturel qui permet d'apprendre quelles plantes ils fréquentent et quelle approche est celle de leur culture vis à vis de ces plantes,
nous n'avons hélas pas beaucoup d'études pollinologiques,
par exemple dans le poème l'approche antique des agrumes davantage pour leurs fleurs et leur parfum que pour leur fruits, (d'où leur sélection variétale différente des modernes). Cette observation du moment (le lever du jour) ou la fleur du bigaradier exhale et aussi le lieu où le poète les situe (dans la brise) indiquent comme la notation du "promeneur", des oiseaux... qu'elles ne sont pas dans le jardin clos de la maison mais dans un jardin plus vaste.
(j'ai souvent douté qu'on plante des orangers près des lieux ou on séjourne, les curieux orangers actuels dans le patio des demoiselles de Séville ne sont-ils pas un contre sens ?)