jeudi 12 novembre 2009

Je veux un cœur déchiré par la séparation pour y verser la douleur du désir




Yaqûlûna fî l-bustâni husnun wa bahdjatun…
wa in shi’ta an talqâ al-mahâsina kulla-hâ
fa-fî wadjhi man tahwâ djamî‘u l-mahâsini

On dit que charme, beauté et joie de vivre
Se trouvent dans le jardin...
Mais si tu désires profiter de toutes ces merveilles,
C’est dans le visage de celui que tu aimes,
Que tu les trouveras.


Dans les pages qui précèdent, nous avons essayé, par des rappels historiques, des explications et des analyses, d’introduire le lecteur non initié au monde merveilleux de la poésie et du chant andalous. Nous avons convié chacun à devenir ainsi le dépositaire d’un héritage fabuleux légué par des générations d’artistes. Pendant des siècles, depuis 822, non seulement Ziryâb mais aussi tant de poètes et de musiciens anonymes ont apporté chacun leur pierre à cet édifice devenu patrimoine de l’humanité : la nawba andalouse.

Au cours des décennies qui vont du milieu du siècle dernier jusqu’à nos jours, de nombreux « maîtres » ont rempli leur mission en transmettant cet héritage à des hommes et des femmes qui pratiquent cet art à merveille. Les “enfants de Ziryâb“, conscients de la valeur inestimable de cet héritage, tentent chacun d’apporter leur contribution avec la spécificité qui les caractérise. Beihdja Rahal, avec sa voix mélodieuse et émouvante redonne une âme à des textes que des plumes anonymes ont composés. Avec son plectre et ceux de son ensemble, elle égrène, note par note les phrases sublimes qui composent les mélodies appartenant au mode raml.[1] C’est la voix et le jeu subtil de la chanteuse et de ses musiciens qui introduiront, mieux que toutes les analyses, l’auditeur attentif aux symphonies célestes dont parlent les soufis :

« Depuis qu'on m'a coupé de la jonchaie,
se lamente la flûte
ma plainte fait gémir l'homme et la femme.

Je veux un cœur déchiré par la séparation
pour y verser la douleur du désir.

Quiconque demeure loin de sa source
aspire à l'instant où il lui sera à nouveau uni.»[2]


[2] Mathnawî : La Quête de l'Absolu de Djalâl-od-Dîn Rûmî, Eva de Vitray-Meyerovitch, (1990) Le Rocher

NB: La première édition de notre ouvrage étant déjà épuisée, nous songeons à en faire une réédition prochaînement.
Le prochain ouvrage, en préparation aura pour thème:
Fleurs et jardins dans la poésie andalouse.

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