samedi 13 juin 2009

Traduction des poèmes de la Nouba Zidane





1. Inqilâb Zîdân: Ya rashâ fattân
Petite gazelle au charme envoûtant,Aussi svelte qu'un rameau de saule,Aie pitié d'un amant attristéQui subit l'épreuve de l'amour !
Ma belle aux yeux si noirs,J'erre comme un fou, brûlant de désir.Tu troubles les amantset refuses l'union.
Tes joues, roses écarlatesEt ton front, astre de clarté,Causent ma douleur et mon chagrinToi qui es un signe divin.
Ton grain de beauté est si ravissant ;Et tes cils meurtriersSont des flèches lancéesAu coeur de ma poitrine.
Sois fidèle à notre serment ;Toi l'astre de ma félicité ;Ne trahis point ta promesse,Par le nom suprême (de l'amour).
2. Msaddar Zîdân: Tahiyâ bi-kum
Là où vous posez pied, la terre ressuscite et reverditPour chaque parcelle, vous êtes une bienfaisante pluie ;Les yeux vous désirent comme un paysage sublime,Vous êtes un astre pour tous les humains.

3. Btâyhî Zîdân: Lâsh yâ ‘âdhâb al-qulub
Bourreau des coeurs, pourquoi tortures-tu le mien ?Les flammes de tes yeux ont captivéTon pauvre amant ensorcelé.Dans la dure bataille de l'amour,Je suis un guerrier vaincu.Aussi longue que sera l'épreuve,Sois patient, Ô mon cœur !Douces sont les nuits d'union,Amère est la séparation !
4. Istikhbâr Zîdân: de Wellada Bint El Moustakfi (*): Alâ hal la-nâ min ba‘di al-tafarruqi
Après les souffrances de la séparation,
Aurons-nous un temps où chaque amant
Se plaindra de ce qu'il a subi comme tourments ?Déjà lorsque nous nous rendions visite en hiver,Je passais mes nuits sur les brasiers du désir ;Qu'en sera-t-il maintenant que tu t'es éloignéeEt que le destin a précipité l'épreuve que je craignais ?

5. Darj Zîdân: Al-luzu fatah
Les amandiers sont en fleurs !Leurs pétales, sur les parterres des jardins,Sont des pièces d'argent parsemées."Que notre joie demeure !" Chantent les compagnons.Le mois de Sha'bân vient de s'acheverEt le mois sacré de jeûne est arrivé ;Ma bien-aimée trônera à chacune de mes soirées.
6. Insirâf Zîdân 1: ‘†ir al-anfâs
Toi dont l'haleine est parfumée
Verse-moi à boire,
Remplis ma coupe de vin
Et laisse mon esprit s'égarer !
Ne dit-on pas qu'en amour,
Il faut tout endurer ?

Dans des coupes finement ornées
Les boissons avons mélangé ;
Nulle rançon à payer
Pour les instants de bonheur ;
Lève-toi et faisons tourner les coupes alentour
Ô ma belle Ramîkiya,
Profitons d'un moment de joie
En cette vie éphémère.

Quel beau spectacle avec les belles du quartier !
Dans ce lieu de réjouissances, viens t'asseoir Ô compagnon
Et partageons la boisson qui est mon seul remède.

Cette nuit de plaisirs
M'accueille dans l'allegresse ;
Nulle rançon à payer
Pour les instants de bonheur ;
Lève-toi et faisons tourner les coupes alentour
Ô ma belle Ramîkiya,
Profitons d'un moment de joie
En cette vie éphémère.

7. Insirâf Zîdân 2: Min hubbî hadh al-ghazâla
Mon amour pour cette gazelle
A chassé le sommeil de mes prunelles
Je n'ai obtenu de cette belle
Qu'indifférence et éloignement
Vers Dieu, le Très-Haut, j'élève ma plainte
Peut-être alors atteindrai-je mon but
Et connaîtrai-je enfin le bonheur ;
Je ferai alors une fête et ne me priverai de rien.
L'amour de cette belle m'a anéanti
Que puis-je faire ? Quelle ruse ? Ô mes amis !

Quand elle parut avec ses bijoux,
Des bracelets étincelants aux poignets,
Elle séduisit tous ceux qui la regardaient
Et sema le trouble dans mon âme.
Gloire au Seigneur qui conçut sa beauté
Et lui donna ces cils et ce regard langoureux.
Son front a l'éclat des fleurs
Et sa joue celui du croissant de lune !
L'amour de cette belle m'a anéanti
Que puis-je faire ? Quelle ruse ? Ô mes amis !


8. Insirâf Zîdân 3: Dir al'uqâr yâ sâqi wa-s'qinî
Échanson, fais passer les coupesEt remplis la mienne aussi.Que ton vin chasse mes ennuis,Et me redonne vie !Aujourd'hui, la lumière de mes yeux est revenue ;Ma gazelle m'a rendu visite,Face à moi, elle s'est assise,Et, comme un astre, m'a illuminé.Qu'il est doux de boire,Joue contre joue, avec sa bien-aimée.
Ma belle m'a rendu visite,
Et pour elle je fais la fête ;
J'ai préparé les meilleurs mets
Et des vins aux sublimes saveurs ;
Quant à l'espion qui nous épie,
C'est dehors qu'il passera la nuit.
Lève-toi et sers ma gazelle, échanson,
Jusqu'à ce qu'elle étanche sa soif.
Qu'il est doux de boire,
Joue contre joue, avec sa bien-aimée.

9. Khlâs Zîdân 1: Amâ tattaqî Allah
Ne crains-tu pas Dieu, Ô bourreau de mon cœur ?N'aggrave pas mon état, n'en rajoute pas à mon malheurNul n'a fait ce que mon ignorance m'a fait faire,Libre j'étais, me voici désormais esclave soumisÀ chaque porte je vais crier ma peine :Ô mes amis, de ma bien-aimée je subis la tyrannieToi qui guide les oiseaux, montre-moi le cheminToi qui mets fin aux malheurs, abrège les miens !
10. Khlâs Zîdân 2: Salli humumak
Distrais-toi et oublie tes soucis ce soirCar tu ne sais ce que te réserve demain ;Au cœur de la nuit, lève-toi pour boireEt t'adonner aux plaisirs avec les belles ;Lève-toi et profite de cet instant de bonheurCar la vie n'est que divertissement.Ô échanson, remplis nos coupes encore et encore !Verse-nous à boire en l' absence des délateursEn cette assemblée de plaisirs près de ce bassinAlors que le soleil décline vers le couchant.
11. Qâdriya Zîdân: Mamhun man alli hjarni
Affligé à cause de celle qui m'a abandonnéJe me consume aux feux de la passion;Que Dieu l'éprouve comme il m'a éprouvéAfin qu'il en vienne à me réclamer.
Traduction de l'arabe: Saadane Benbabaali

Concert d'Al-Andalousiyya à la Cité des Arts


Al-Andalousiyya lors de son concert au Centre culturel algérien

Un grand bonjour à mon ami Saadeddine al-Andalousi! Un grand merci aussi pour le travail magnifique qu'il fait avec sa chorale. J'ai assisté hier à la représentation de l'Association donnée à la Cité des Arts. La chorale était accompagnée par le prodige Noureddine Aliane au luth, Mohamed Belhia à la derbouka, Hsinou au Târ et deux autres musiciens à la mandole et au violon.
Le public était nombreux, attentif et chaleureux.


Le programme en deux temps comportait d'abord des inqilâbât, ces chants très légers en apparence, et d'un rythme plus enlevé que les premiers mouvements de la nawba(m'saddar, btayhi et dardj). Ce fut ensuite le tour de Saadeddine de chanter de superbes pièces du genre Hawzi. Le chanteur, toujours égal à lui-même, a mené son programme de main de maître de mélodie en mélodie, allant crescendo jusqu'au feu d'artifice final: Wahran al Bahia. Le public est allors descendu dans "l'arène" pour une partie de danse et de youyous!


Noureddine Aliane au luth

Al-Andalousiyya, sous la houlette de son guide Saadeddine, s'affirme de plus en plus comme un ensemble de valeur dans le paysage de "la musique andalouse" à Paris.
Ma manière de remercier tous les choristes est de leur ouvrir un espace dans lequel ils trouveront des informations, photos, enregistrements les concernant. Mais surtout de mettre à leur disposition la traduction de certains textes qu'ils interprètent. En voici les premiers, appartenant au programme de la soirée d'hier.

1. Zâranî al-malîh

Ma bien-aimée m’a rendu visite
Seule au cœur de la nuit.
De ses joues couleur vermeille
J’ai cueilli deux pommes jumelles.
Mêmes les vents sont soumis
À celui que le sort favorise.
Accorde donc tes faveurs
À celui qui guette les étoiles
Pourquoi donc remettre à demain
Ce que tu peux donner aujourd’hui ?


2. Saraqa l-ghusnu
Saraqa l-ghusnu qadda mahbûbî wa-khtafâ fî-l-waraq
Quti‘a l-ghusnu sâhati l-atyâr dhâ djazâ man saraq

Le rameau a volé la taille de mon bien-aimé,
et parmi les feuillages s’est caché,
mais le rameau a été coupé
et les oiseaux se sont écriés :
c’est ainsi que tout voleur est châtié !

Ô rameau qui balance plein de vanité
chaque fois que souffle la brise!
Lune qui jette ses rayons par-dessous un voile
dans l'obscurité du coeur de la nuit.
La nuit d'exil qu'endure ton amant
est semblable à celle du malheureux
qu'un serpent a mortellement blessé !
Ô souhait de mon âme, toi mon désir suprême,
Les nuits sans sommeil m'ont anéanti,
mes yeux sont blessés par d'abondantes larmes
et dans mes entrailles brûlent des flammes!


Noureddine, Hsinou et Mohamed Belhia

3. Lî habîbun
Celle que j’aime m’a ouvert son cœur
Après la séparation et l’éloignement ;
De honte la lune s’est cachée
Et ma belle est apparue comme un astre
Ses joues sont roses, ses cheveux bouclés
Et sa salive est plus douce que le miel
Que Dieu, qui a façonné ta superbe taille,
Te protège, ô mon adolescente !
Quand donc boirai-je dans ta coupe
Loin du regard de l’espion jaloux ?

Sans rancune, en amante fidèle
Elle m’a ouvert son cœur et a permis notre union.

à suivre...