jeudi 23 octobre 2008

IBN SA'ÎD: traduction des cours 1,2 et 3


ROYAUME DE BADAJOZ (BATALYAWS) (1)


MERIDA


255- Abû al-Rabî‘ Sulaymân b. Muhammad b. Asbagh IBN WÂNSÛS(2).
• Prosateur et poète d’origine berbère, sa famille a gouverné à Mérida. Il a lui-même exercé des fonctions politiques dans la région de Cordoue. Il fut nommé ministre et acquit une grande réputation.
• Parmi ses compositions, les vers suivants :
« Kayfa lî an a‘îsha… » (3)
« Ô mon astre, comment puis-je vivre sans toi, alors que tu t’es éloigné de moi ? Le jour où je te vois est à mettre sur mon compte, c’est un jour de bonheur qui ne s’efface jamais ; Mon désir est que tu n’approches nul autre que moi ; Mais à cela tu ne veux point consentir ».

• De lui également :
« L’amour a appris l’insomnie à mes yeux et a décrété que je dois me soumettre et patienter. Toi qui es semblable au soleil et à la lune, pourquoi me fuis-tu alors que devant toi je suis toujours ébloui ? »


BADAJOZ

256 – AL-MUTAWAKKIL b. al-Muzaffar(4).
• Prince aftaside de Badajoz et poète ; il était à Badajoz ce qu’était al-Mu‘tamid à Séville : un mécène généreux vers qui on accourait de partout.
• Parmi ses compositions, cet extrait dans lequel il invite son ministre Abû Ghânim à venir partager la boisson avec lui :
« Abû Ghânim, lève-toi et rejoins-nous, et, comme la rosée, répands tes bienfaits sur nous ; Sans toi, nous sommes un collier auquel manque son joyau ».

257 - Abû -l-Walîd IBN AL-HADRAMÎ (dhû l-wizâratayn). (5)
• Poète et ministre d’al-Mutawakkil, son comportement suscita une telle hostilité de la part des membres de la cour que le souverain s’en sépara.
• Parmi ses compositions :
« Comment ne pas aimer les belles si leur amour redonne de la joie ? Dans les jardins, j’incite à boire et réclame les cordes du luth. »
258 - Abû ‘Abd-Allâh Muhammad IBN AYMAN (dhû l-wizâratayn) :(6)
• Homme de lettres et ministre d’al-Mutawakkil .
• Parmi ses écrits, cet extrait en prose où il fait l’éloge de son mécène :
« Il n’est venu vers toi que pour la qualité de tes actes, il ne s’est déplacé qu’entre ta main droite et ta main gauche ; jamais il n’oubliera l’excellence du pacte, il n’a pas cessé d’exprimer ses remerciements pour tes bienfaits d’antan et de répandre partout les louanges au sujet de tes nobles buts et de tes desseins ».
258 bis - Abû l-Husayn Muhammad IBN AYMAN.
• Fils du précédent.
• Parmi ses poèmes cet extrait [où il raconte une aventure amoureuse où l’amant affronte tous les dangers pour aller partager avec sa bien-aimée une nuit d’étreinte où s’exprime sans retenue un érotisme torride] :
« Une nuit, abandonnant la plume, je me suis ceint de mon sabre ;
et affrontais les profondeurs de l’obscurité ;

je suis allé rendre visite à celle dont les yeux ont déchiré mon cœur

au point que le secret de mon mal a été divulgué par son regard ;

Quand je parvins chez elle, elle me demanda, effrayée :

- Ne craignais-tu pas la forêt et ses fourrés obscurs ?
-Bienvenue aux décrets du Destin, lui répondis-je ;

pour obtenir ton amour, je suis prêt à offrir mon sang.
J’ai alors passé toute la nuit à boire et à manger
ce que son corps m’offrait,
à mordre ses seins et à m’abreuver du nectar de sa bouche fraîche.
Jamais je n’ai vécu de nuit plus délicieuse
où je ne connus point le sommeil alors que mes ennemis dormaient. »

Notes

(1)
Al-Mughrib, pp.360-378.

(2) « Lettré, penseur et savant, homme de caractère, il vivait à l’époque de l’émir Abd Allâh b.Muhammad souverain omeyyade d’al-Andalus chez qui il était très honoré », ad-Dabbî, Bughyat al-multamis, p. 287 ; « Ministre de l’émir ‘Abd Allâh auprès de qui il jouissait d’une grande considération, homme de lettres, poète original doué dans l’expression argumentative et rhétorique et doté d’un jugement solide », Ibn al-Abbâr,
al-Hulla al-siyarâ’, p.88 ; al-Humaydî, al-Djudhwa, p. 209

(3) Rime îdu.

(4) Ibn al-Khatîb,
A‘mâl al-a‘lâm, p. 214 ; al-Fath Ibn Khâqân, al-Qalâ’id, p.36 ; Ibn Bassâm, 2/129 ; Ibn Sa‘îd, Râyât al-mubarrizîn wa ghâyât al-mumayyizîn, p. 29 ; ‘Imâd al-Dîn al Isfahânî, Kharîdat al-Qasr wa djarîdat ahl al-‘asr, 12/94 ; al-Safadî, al-Wâfî.

(5)
Nafh, 2/305.

(6)
Al-Dhakhîra, 2/130.

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