mardi 21 octobre 2008

LES HOMMES DE LETTRES DU GHARB AL-ANDALUS DANS AL-MUGHRIB D’IBN SA‘ÎD


(COURS POUR LA 2ème ANNÉE)


INTRODUCTION

1. Brève esquisse de la vie littéraire dans l’Occident d’al-Andalus.

Le Gharb al-Andalus a partagé avec le reste de la Péninsule ibérique sous domination musulmane une histoire commune jusqu’au milieu du XIIIe siècle. Cette communauté de destin sur les plans économique, politique ou social eut lieu également sur le plan artistique et plus particulièrement littéraire. Une histoire de la littérature arabe spécifique à la partie du territoire andalou, devenue le Portugal par la suite, reste à faire. Le présent travail se veut une modeste contribution à un tel projet. Une recherche approfondie doit être menée afin de mettre en lumière les particularités du patrimoine littéraire légué par les hommes de lettres nés ou ayant vécu à un moment ou à autre à Badajoz, Mertola, Silves ou Shantamariyya-t-al-Gharb.

Il s’agirait, tout en reconnaissant les traits communs perceptibles dans la poésie ou la prose élaborée à Cordoue ou à Silves de prendre en considération l’ambiance sociale et culturelle particulière dans laquelle ont baigné les auteurs du Gharb. Par ailleurs, les poètes puisent leurs thèmes tout autant dans l’héritage légué par leurs prédécesseurs(1) qu’en leur sensibilité personnelle(2) tributaire d’un environnement humain et naturel spécifique. Le type de paysage, la couleur de la terre, la variété de la flore, le débit et la sinuosité des cours d’eau des environs de Silves ou de Mertola ont donc certainement laissé des empreintes et des nuances que nous devons déceler dans les descriptions de la nature par Ibn ‘Ammâr ou Ibn Hârûn.

L’art poétique andalou a connu, comme toute forme artistique, une évolution dans ses techniques d’expression ainsi que dans ses objectifs. Il serait donc très utile de préciser, dans la mesure du possible, les raisons qui lui ont permis de se développer dans telle ou telle direction, de déterminer les causes qui ont favorisé la prédominance de tel ou tel thème et d’analyser les conditions qui ont pu présider à l’émergence de tel ou tel poète. On ne peut pas affirmer, bien sûr, que chaque panégyrique, par exemple, est totalement déterminé dans son contenu comme dans sa forme, par le contexte historique dans lequel il a été produit. Mais il est évident que même lorsqu’il tisse les mailles de son poème selon son génie propre, le poète puise ses matériaux linguistiques et thématiques dans un fonds commun né avec les premiers bardes du désert d’Arabie et progressivement enrichi par les générations successives de shu‘arâ’ . Si les querelles entre « Anciens » et « Modernes », « Orientaux » et Andalous ne doivent pas masquer les traits communs entre les uns et les autres, la négation d’une spécificité de la production poétique du Gharb serait une grossière erreur.

Il est vrai, comme on ne l’a que trop répété, que toutes les régions d’al-Andalus connurent d’abord une période de fidélité voire de fascination pour les productions littéraires orientales notamment en poésie. Abû Nuwâs, al-Buhturî et surtout al-Mutanabbî étaient alors tenus pour des modèles indépassables. On considéra longtemps qu’il ne pouvait y avoir de création poétique (nazm) en dehors des règles de la qasîda antique élaborées et codifiées en Orient. Quant aux thèmes abordés au début de la conquête, nous pouvons facilement admettre qu’ils étaient imposés par la situation dans laquelle se trouvaient les premiers poètes arabes de l’époque. Ils célébraient les exploits militaires, pleuraient les héros morts au combat, exaltaient le courage des membres de la tribu engagés dans la bataille et exprimaient la nostalgie de la patrie lointaine.(3) Mais n’est-ce pas là justement que réside la première manifestation de l’âme andalouse ? D’abord « conquérants » et « exilés », les poètes découvriront et s’enracineront ensuite dans une contrée qu’Ibn Khafâdja déclare préférer même au Paradis Éternel :
« Ô, habitants d’al-Andalus, quel bonheur pour vous d’avoir eaux, ombrages, fleuves et arbres ; le Jardin de la Félicité éternelle n’est pas ailleurs que dans votre territoire ; s’il m’était possible de choisir, c’est ce dernier que je choisirais » .(4)

On conviendra donc que, malgré leurs efforts pour imiter leurs pairs du Mashriq, les hommes de lettres andalous exprimèrent une vision du monde unique en son genre qu’il nous appartient de découvrir et d’apprécier à sa juste valeur. C’est ce qu’ont fait al-Hidjârî ou Ibn Sa‘îd qui donnèrent à leurs anthologies des titres aussi évocateurs que al-Mushib fî gharâ’ib al-Maghrib et al-Mughrib fî hulâ al-Maghrib. (5)

Ces deux ouvrages constituent les meilleurs exemples de l’émergence dans la péninsule ibérique d’un « particularisme andalou » sur le plan littéraire. Mais un tel phénomène dans le domaine de la culture n’a pu apparaître et s’imposer que sur les bases d’une lente transformation sociale. Celle-ci a été rendue possible par la nature de la composante ethnique du « peuple andalou ». Quelle que fut leur importance, les Berbères venus des régions du Maghreb et les Arabes arrivés à l’occasion de la conquête, renforcés par l’afflux des djund syriens et des émigrés venus d’Asie au moment de l’émirat omeyyade de Cordoue, ne constituaient qu’une minorité. Ils étaient numériquement peu nombreux, non seulement par rapport aux autochtones « chrétiens », mais surtout -et ceci est d’une importance primordiale- par rapport aux néo-musulmans que l’on désignait sous le nom de muwalladûn. Ces derniers s’étaient convertis à l’Islam afin de jouir d’un statut personnel plus avantageux que celui de dhimmî. D’autre part, les mariages avec les femmes indigènes et le jeu du walâ’ (6) donnèrent naissance à une masse importante d’Andalous qui revendiquaient une origine arabe. Les muwalladûn s’arabisèrent complètement et s’intégrèrent à la société musulmane par un attachement souvent sincère à l’Islam.

Parallèlement à la constitution d’une population de plus en plus homogène, les souverains omeyyades s’entourèrent de cours littéraires où des hommes de lettres et des poètes commencèrent peu à peu à se dégager de l’emprise culturelle orientale. Encouragés par des pensions que leur octroyaient les monarques, de nombreux poètes trouvèrent un climat favorable à la création littéraire .(7) Une sensibilité andalouse commence à se manifester dans la poésie culminant avec les productions d’al-Ramâdî ou d’al-Kumayt (8) dont les poèmes se distinguaient par une expression délicate et raffinée de l’amour.

C’est sous les Mulûk al-tawâ’if que la poésie va connaître un développement exceptionnel. De nombreux roitelets vont accorder une place de choix à l’art du nazm. Dans un souci de propagande, tout prince qui se respecte va s’entourer de poètes chargés de faire l’éloge de ses qualités dans des assemblées mondaines (madjâlis al-uns) où se côtoient poètes, chanteuses savants et fuqahâ’. Cette vie de cour, extrêmement raffinée, fut particulièrement développée par les Banû al-Aftas à Badajoz (414/1022-488/1094) et les Banû ‘Abbâd à Silves puis à Séville (414/1023-484/1091) pour ne citer que ces deux cas. Ces dynasties donnèrent à al-Andalus deux princes-poètes au destin tragiquement similaire : al-Mutawakkil et al-Mu‘tamid (9). C’est durant cette période également, qu’ un homme de lettres originaire de la ville de Santarem marqua de son empreinte l’histoire littéraire arabe médiévale. Il s’agit d’Ibn Bassâm (10) , l’auteur de la célèbre Dhakhîra fî mahâsin ahl al-Djazîra « qui constitue pour l’époque de la fitna et des reyes de taifas le document littéraire et historique le plus précieux. Non content de donner une notice et de citer des vers pour chacun des écrivains qu’il étudie, il enregistre, à propos des évènements historiques, de longs fragments d’une œuvre perdue d’Ibn Hayyân, al-Matîn. (…) Dans le cours de son ouvrage, (il) ne manque pas une occasion de marquer la supériorité des Andalous sur les Orientaux. » (11)

L’encouragement matériel et moral que les poètes trouvèrent auprès des princes de taifas suscita de très nombreuses vocations. Le métier de poète devint très prisé et des compétences se manifestèrent non seulement parmi les membres des classes aisées, mais aussi parmi les Andalous les plus humbles. Il est évident que ces poètes issus des couches sociales les plus modestes, enrichirent cet art du « ressentir » qu’est le fann al-shi‘r d’images neuves, de comparaisons inspirées de la réalité sociale et de termes nouveaux. La poésie du « peuple » valorisée par des monarques fiers de leur origine andalouse franchit ainsi les portes des palais où de fins connaisseurs lui donnèrent l’occasion de s’épanouir.

Après un peu plus de soixante ans, la période des reyes de taifas (423/1031-488/1095) s’achève sous les coups à la fois des armées chrétiennes et des conquérants almoravides. Les rivalités entre les nombreux princes qui cherchaient à s’attacher les poètes et les hommes de lettres les plus prestigieux étaient l’expression, sur le plan littéraire, des ambitions hégémoniques de certains mulûk comme les Banû ‘Abbâd ou les Banû al-Aftas sur le plan politique. En effet, si la multiplication des cours princières a eu un effet bénéfique sur le développement littéraire tant à Badajoz, qu’à Béja Lisbonne ou Silves, l’émiettement du pouvoir politique a facilité l’offensive des monarques catholiques. On assiste alors à un jeu d’alliances permettant aux rois chrétiens d’intervenir de plus en plus en territoire musulman.

Les princes musulmans, incapables de s’opposer à la Reconquista « catholique », se tournèrent alors vers les Berbères du Maghreb. Ces derniers, sous la direction de Yûsuf Ibn Tashfîn, rallièrent à eux les armées des princes musulmans et remportèrent la bataille de Sacralias en 479/1086 qui donna un coup d’arrêt aux incursions chrétiennes. Mais les Almoravides, profitant de leur avantage militaire et politique auprès de la population musulmane, détrônèrent un à un les princes des taifas devenant ainsi les nouveaux maîtres du pays.
Mais, conquise par les armes, la terre d’al-Andalus triompha de ses conquérants par sa douceur de vivre. Les descendants directs de Yûsuf Ibn Tashfîn se laissèrent vite gagner par le mode de vie des anciennes cours andalouses et reformèrent autour d’eux des cénacles de lettrés et de poètes. Aussi, l’idée d’après laquelle la vie littéraire et particulièrement poétique, aurait connu un déclin sous les Almoravides est démentie par l’importance de la production poétique durant les règnes de ’Alî b. Yûsuf (500/1106-537/1143) et de Tashfîn b. ‘Alî (537/1143-539/1145). Ainsi verra t-on le flambeau de la poésie rallumé par les Banû al-Qabturna, mais aussi par Ibn al-Rûh qui faisait partie des convives d’Ibrâhîm b. Yûsuf b. Tashfîn.

Plus tard, comme dans le reste du pays, lorsque le pouvoir des Almoravides commença à péricliter, de nouvelles dissensions apparurent dans l’Algarve. Ibn Qâsî reforma à Mertola une ta’ifa que reconnurent Ibn Wâzir à Evora et Beja, Muhammad al-Mundhir à Silves et Yûsuf al-Bitrûdjî à Niebla. Mais l’indépendance de la principauté ne dura pas longtemps et Ibn Qâsî, à la suite de trahisons de ses anciens alliés, appela les Almohades à son secours. Ces derniers envoyèrent une armée dans l’Algarve et soumirent tous les roitelets de la région. Jusqu’au milieu du 13e siècle, les villes du Gharb changèrent de mains plusieurs fois sans que le pouvoir des Musulmans soit sérieusement menacé. Mais entre 1232, date de la prise de Mora et de Serpa, et 1250, date de la chute de Faro entre les mains d’Alphonse III, le Gharb vit ses dernières années d’histoire commune avec le reste du territoire musulman.

Sous les Almohades, après une période assez brève marquée par le zèle religieux et l’austérité, le luxe et la vie de plaisirs d’al-Andalus finirent par avoir le dessus sur le puritanisme des nouveaux conquérants. Le successeur d’Abd al-mu’min, Abû Ya‘qûb (mort en 581/1184) s’entoura de lettrés et de savants. Prince cultivé, il commanda de nombreux livres pour la bibliothèque de Cordoue. À Séville, sa ville préférée, où il séjournait souvent, il s’imprégna de la civilisation andalouse au contact des deux plus grands penseurs arabes de l’époque : Ibn Tufayl (m. en 579/1185) et Ibn Rushd (m. en 595/1198).


La preuve de la richesse de la vie littéraire à cette époque est attestée par les auteurs du Mughrib. En effet, le Gharb eut des hommes de lettres au talent incontestable comme Ibn Munakhkhil (12), Ibn Abî Habîb et Ibn Wazîr de Silves sans oublier Ibn al-A‘lam qui fut qâdî à Shantamarriyyat al-Gharb (13). Tous ces lettrés, issus pour la plupart de familles de notables pratiquèrent l’art poétique dans tous les domaines et léguèrent à leurs successeurs des pièces exquises sur l’amour, la satire, la guerre ou le métier de kâtib.



2. Le problème des sources : du Mushib au Mughrib

Pour rendre au Portugal son patrimoine littéraire arabe médiéval, il faudra interroger tous les témoignages écrits disponibles. Or, comme le signalait Lévi-Provençal dans l’une de ses conférences : « Une bonne partie de la poésie arabe andalouse ne nous est parvenue que sous forme de citations, dans de grandes anthologies compilées en Espagne même : la Dhakhîra d’Ibn Bassâm ou les Qalâ’id al-‘iqyân d’al-Fath Ibn Khâqân, ou le Mughrib d’Ibn Sa‘îd, ou bien encore dans le Nafh al-tîb d’al-Maqqarî, qui date de sensiblement plus tard. Bon nombre de vers nous ont été de leur côté, conservés par les chroniqueurs et les biographes. Quant aux dîwâns proprement dits, c’est-à-dire les collections poétiques ordonnées et élaborées par les poètes eux-mêmes ou leurs commentateurs, leur nombre n’est pas considérable. » (14)

Le territoire qui est devenu le Portugal actuel s’étant détaché du reste d’al-Andalus à la fin de la première moitié du 13ème siècle (15) , les sources concernant le patrimoine littéraire du Gharb sont naturellement moins nombreuses et peu fournies en textes et en biographies. Il faut ajouter à cela la disparition de nombreux témoignages écrits comme le Kitâb al-Hadi’iq d’Ibn Faradj al-Djayyânî (16) ou le Mushib d’al-Hidjârî même si des passages de ces ouvrages ont pu être sauvés. C’est dire toute l’importance que revêt un ouvrage comme le Mughrib d’Ibn Sa‘îd.

Cet ouvrage est la suite de celui d’al-Hidjârî (17) commencé plus d’un siècle plus tôt sous le nom d’al-Mushib fî gharâ’ib al-Maghrib. C’est ‘Abd al-Malik Ibn Sa‘îd, aïeul du fameux historien et anthologue, qui était gouverneur de la Qal‘a des Banû Sa‘îd, dans les environs de Grenade, qui le commanda à son auteur. En effet, al-Hidjârî ayant fait l’éloge d’ Ibn Sa‘îd dans un poème qui enthousiasma ce dernier, le gouverneur le récompensa et se lia d’amitié avec lui. Impressionné par les connaissances d’al-Hidjârî concernant les hommes de lettres andalous et leurs productions en vers et en prose, il lui demanda de lui écrire un livre sur le patrimoine littéraire andalou.

Al-Hidjârî entama la rédaction d’al-Mushib vers 530/1135. L’ouvrage comprenait des informations sur les évènements survenus entre la conquête de l’Espagne et cette date. Quand il le remit à son commanditaire, celui-ci entreprit de le compléter par ses propres connaissances dans le domaine. L’ouvrage échut ensuite aux deux fils de ‘Abd al-Malik, Ahmad (m. en 558/1163) et Muhammad (m. en 591/1225) et enfin à ‘Alî b. Mûsâ qui l’enrichirent de données nouvelles. L’ouvrage fut achevé en Égypte en 641/1243 et fut connu sous le titre de Kitâb al-Mughrib fî hulâ al-Maghrib.

L’histoire de ce document inestimable qu’est al-Mushib est ainsi étroitement liée à la vie du dernier des protagonistes qui lui ont donné le jour. Après une jeunesse passée à Séville, partagée entre la vie de plaisirs et les études traditionnelles celui qui sera connu sous le nom d’Ibn Sa‘îd al-Maghribî quitta l’Espagne en 638/1241 pour accomplir le pèlerinage en compagnie de son père. Homme d’une grande curiosité, il passa de longues journées dans les bibliothèques des villes où il séjournait, complétant ses connaissances dans des domaines aussi variés que la géographie, l’histoire et la littérature. À son arrivée à Alexandrie, en 640/1242, son père mourut. Il fut accueilli par les hommes de lettres égyptiens qui n’ignoraient rien de sa renommée ni de celle de sa famille. Ibn Sa‘îd détenait alors un précieux ouvrage , le Kitâb al-Mughrib.

La partie réservée à al-Andalus dans le Mughrib comporte trois « livres » (kutub). Chaque « livre » se subdivise à son tour en cinq parties comportant successivement les noms suivants :
• « Al-minassa » : la tribune ;
• « al-tâdj » : la couronne ;
• « al-silk » : le corps administratif ou diplomatique ;
• « al-hulla » : la robe ;
• et enfin « al-ahdâb » : les pans de la robe.

Le Mughrib offre l’avantage sur d’autres anthologies d’avoir été construit selon une structure géographique. Les hommes de lettres évoqués dans l’ouvrage sont présentés d’après la localité où ils ont vécu. Il était donc très pratique de repérer les personnes qui « appartiennent » au Gharb (18). Le nom de chaque personne citée est précédé d’un numéro que nous avons conservé dans notre traduction. À ce propos, nous tenons à signaler que nous avons essayé de rester le plus fidèle possible aux textes littéraires, ce qui confère à leur traduction beaucoup moins d’élégance que celle qui existait au départ. Mais le choix a été fait de présenter aux lecteurs non arabisants un essai de traduction mettant à leur disposition un texte fondamental pour l’histoire littéraire du Gharb.

NOTES:
(1) Le «‘ilm al-shi‘r », ou art poétique comporte en effet non seulement un ensemble de règles de versification –définies par le ‘arûd- mais également de traditions rhétoriques -relevant de la balâgha- que les générations de poètes sont tenus de respecter. Cependant le talent d’un poète réside dans sa capacité à rester fidèle à l’héritage reçu sans être servile et à innover sans marquer de rupture complète avec ses aînés.

(2) Le poète, sha‘ir en arabe, est étymologiquement une personne qui se distingue par une « sensibilité » exceptionnelle et une capacité particulière à rendre ce qu’il ressent dans une expression harmonieuse et ordonnée le nazm.

(3) Comme dans ces vers que les historiens arabes citent d’al-Hakam 1er (180/796-206/822) lui-même :
« j’ai uni les parties divisées de mon pays,
comme celui qui unit les parties d’une broderie avec l’aiguille ;
j’ai assemblé les différentes tribus depuis ma prime jeunesse.
Demande si, à ma frontière, il y a un seul endroit ouvert ;
Je courrai le fermer, dégainant mon épée et revêtu de ma cuirasse.
Penche-toi vers les crânes qui couvrent la terre comme des calices de coloquinte,
Ils te diront que dans les attaques, je ne fus pas de ceux qui s’enfuient lâchement
Au contraire, j’attaquai l’épée à la main. »
Cité par R. Dozy dans Histoire des Musulmans d’Espagne, Leyde, 1937, t.1, p. 307.

(4) Rime âru, traduction de H. Hadjadjî dans Vie et œuvre du poète andalou Ibn Khafadja, Alger, 1982, p. 155.

(5) Que l’on peut traduire ainsi : Le prolixe dans les (œuvres) extraordinaires de l’Occident, pour le premier, et L’étonnant dans les parures de l’Occident pour le second.

(6) À l’époque omeyyade, en Orient, les nouveaux convertis s’affiliaient à une tribu arabe qui leur accordait sa protection et en retour, les considéraient comme ses « clients » (mawâlî). Dans la Péninsule ibérique, les néo-musulmans devinrent très nombreux au point de constituer le masse la plus importante de la population.

(7) Cf. l’analyse de H Pérès dans La poésie and., chap. IV, la poésie et le poète de cour, pp.54-87.

(8) Sur ces deux poètes, voir infra, les passages d’Ibn Sa‘îd n° 280 et XXX.

(9) Les deux monarques furent destitués avant d’êrte assassiné pour le premier et d’être jeté en prison jusqu’à la fin de sa vie pour le second par les Almoravides.

(10) Abû l-Hasan ‘Alî Ibn Bassâm al-Shantarînî quitta sa patrie natale après qu’elle fut conquise en 485/1092-93 par Alphonse V et mourut en 543/1147. Cf. art., Ibn Bassâm, E. I. 2, pp. 756-57.

(11) H. Pérès, idem, pp. 53-54.

(12)Un recueil de ses poèmes existe selon Ibn al-Abbâr, cf. Takmila,, p. 214.

(13) Sur ces hommes de lettres voir infra, n° 278, 272, 270 et 282.

(14) É. Lévi-Provençal, Conférences sur l’Espagne musulmane, prononcées à la Faculté des Lettres d’Alexandrie en 1947 et 1948. Le Caire, 1951.

(15) Mertola es prise en 1238 et Faro tombe en 1249-50 entre les mains d’Alphonse III. Cf. A. Huici Miranda, art. Gharb al-Andalus, E.I. 2.

(16) Mort en 366/976.

(17) Abû Muhammad ‘Abd Allâh b. Ibrâhîm al-Hidjârî est mort en 549/1155.

(18) Il existe bien sûr de nombreuses controverses au sujet du « classement » géographique des hommes de lettres cités dans le Mughrib. Un travail plus approfondi devrait permettre par la suite de confronter les différents points de vue des auteurs d’anthologies et de parvenir à une répartition plus rigoureuse, mais nous nous contenterons pour l’instant d’adopter la position d’al-Hidjârî-Ibn Sa‘îd.








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