lundi 20 juillet 2009

Hommage à H'mida KATEB





Je remercie la petite nièce de H'mida KATEB (rahimahou Allah) de m'avoir communiqué l'article de presse paru dans le quotidien algérien El Moudjahid et que je publie ci-dessous. C'est un honneur de donner, dans ce Blog, la place qu'il mérite à un homme de culture aimant la musique andalouse et ayant oeuvré de toute son âme pour sa conservation et sa diffusion. Saadane Benbabaali


Voici la biographie d’un mélomane qui a su, à sa manière, dans la discrétion et l’humilité, contribuer à la sauvegarde de la musique classique algérienne.

H’mida Kateb, fils de Mohamed El-Kateb et de Bensemmane Tamani est né en 1905 dans une des rues du vieil Alger. Très tôt, grâce aux soirées familiales marquées par l’animation musicale, il se familiarisa avec le répertoire andalou. A l’âge de six ans, ses parents l’inscrivent à l’école maternelle de Bologhine. En 1919, il entra à la médersa d’Alger. Une fois le diplôme en poche il fut nommé kadi. Par la suite, il s’associa avec Hasen Bayektar qui possédait un magasin de vêtements traditionnels. Le métier de commerçant lui permit de se ménager plus de temps à consacrer à la musique en tant que mélomane.
H’mida Kateb était un ami intime de Mouzino (celèbre musicien qui faisait partie de l’orchestre de Mohamed Ben Ali Sfindja). A la mort de Mouzino en 1928, H’mida s’est chargé de l’administration des biens de la veuve. Elle a mis à sa disposition tous les documents sur la musique que son mari possédait. Il put ainsi avoir la totalité des textes de la musique classique algérienne.
H’mida Kateb fut à l’origine de la réémergence d’El-Mossilia en 1932. Cette association a été créée en 1927, mais n’avait pas d’agrément. Il en était le secrétaire général. Actif et entreprenant, il a permis à El-Mossilia de se produire dans de nombreux endroits publics. Sans être lui-même musicien, ses qualités d’amateur averti connaissant entièrement le répertoire ne souffraient d’aucune contestation.
H’mida Kateb participait également à de nombreuses conférences où il se présentait en défenseur habile de cette musique arabe classique. Il est présenté dans la presse comme un grand ami de cette musique, un homme à la fois érudit et désintéressé doué d’une grande intelligence et d’une grande sagesse. Il fut aussi sollicité pour être membre du jury aux côtés de Sid Ahmed Lakehal, Mohamed Khodjat Lekhal, Djamel Sfindja et Zoubir Kakachi pour désigner les lauréats des concours organisés par le conservatoire d’Alger pour les élèves arabes.
En 1959, il fit connaissance avec Sid Ahmed Serri. Sid Ahmed Serri, avec les encouragements de H’mida abandonna ses occupations et se consacra entièrement à la chanson et en fit son métier.
La réputation de H’mida Kateb s’accrut avec les nombreuses soirées organisées à son domicile.
De 1954 à 1964, ses activités ralentissent un peu en raison de la guerre. Il entreprit, en 1960, la réalisation d’un ouvrage réunissant l’ensemble du patrimoine andalou en corrigent le texte et en l’enrichissant par des istikhbarates. Cet ouvrage ne sera jamais publié, mais quelques années plus tard, l’Institut National de Musique (INM), en utilisant son travail puis en l’amplifiant édita un ouvrage en trois tomes, s’intitulant : Patrimoine musical, textes de chants, les mouwachahate et les azdjal.
La couverture de ce travail comporte également une figure symbolique reprise à la suite d’un travail de recherche mené par lui.



H’mida Kateb était un fouineur qui lisait énormément. Chez lui, le moindre détail manquant de clarté en musique suscitait toute une recherche approfondie. Il faudrait aussi, comme l’a déjà dit Si H’mida Kateb (souligné et cité dans une coupure de presse non identifiée) que cette transcription soit faite par un maître ou des maîtres incontestés afin d’éviter les erreurs toujours possibles, et surtout mettre un terme aux controverses qui , sans être malveillantes, finissent par fatiguer. Faut-il baisser d’un ton ? Les vers appartiennent-ils vraiment au répertoire andalou ?
Tant de questions étaient posées par H’mida Kateb et dont la réponse restait toutefois incertaine.
C’est ainsi qu’il put retrouver les différents auteurs et compositeurs de ceux qui représentent aujourd’hui le répertoire andalou. Il fit par la suite tout un travail de compilation destiné à M. Serri, s’intitulant le répertoire chanté d’Ahmed Serri. Il reprend également les 12 heures andalouses d’Edmond Nathan Yafil pour entamer les corrections des textes de noubate qui comportaient des erreurs notables. Puis la réalisation de leur vocalisation qui demandait une certaine technique, et une maîtrise de la langue arabe. Chose possible chez H’mida.
Le fait de vocaliser le répertoire permettait la localisation de ce dernier qui, souvent suscitait l’envie des écoles voisines, telle l’école de Tlemcen, de vouloir se l’attribuer.
Il ajouta à son travail les multiples istikhbarate qui convenaient à chaque morceau ainsi qu’un distique à la fin de chacune des noubas nommées qadriya.
Vers la fin de sa vie, son état de santé ne lui permettait plus de travailler énormément et il mourut en 1964 à la suite d’un souffle au cœur. La musique classique algérienne, qui a tant inspiré au cours de ces derniers siècles, des générations de poètes et de musiciens algériens demeure une culture héritée d’une civilisation particulièrement raffinée.
Grâce à H’mida Kateb et à tant d’autres qui sont restés dans l’ombre, la musique classique algérienne est aujourd’hui l’un des éléments valables du rayonnement de la nation algérienne dans le monde.
GUESSAL Mohamed

El-Moudjahid 11/11/1992

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