samedi 30 janvier 2016

Poème soufi d'amour spirituel de Abou Madyan

Voici la traduction du Poème soufi d'amour spirituel de Abou Madyan. Ce texte est souvent chanté dans  la tradition musicale arabe-andalouse.




تملَّكتم عقلي وطرفِـي ومسمَعـي .. وَرُوحِي وأحشائِي وَكلـي بأجمَعـي
وتيّهتُمونِـي فِـي بديـع جَمالِـكُـم . . . وَلَم أدر فِي بحر الهَوَى أَينَ مَوضعي
وأوصَيتُمونِـي لا أبـوح بسـرِّكُـم . . . فباحَ بِمـا أُخفِـي تفيـضُ أدمعـي
ولَمَّا فَنَـى صبـري وقـلَّ تَجلُّـدي . .. وفارَقَنِي نَومِي وحُرِّمَـت مضجعـي
أتَيت لِقاضي الحُـبِّ قُلـتُ أحبِّتِـي . . . جَفَونِي وقَالُوا أنت فِي الحُبِّ مدَّعـي
وعندي شهـودٌ للصَبابـةِ والأسـا . . . يزكُّونَ دعـوايَ إذا جئـتُ أدَّعـي
سُهادي وَوَجدي واكتئابِي ولوعتِـي . . وشوقي وسقمي واصفراري وأدمعي
ومـن عجـبٍ أَنِّـي أَحـنُّ إِلَيهِـم . . . واسألُ شوقـاً عنهـم وهـمُ معـي
وتبكيهُم عينِي وهـم فِـي سوادِهـا . .. ويشكو النَّوى جنبي وهم بين أضلُعي
فَإِن طَلبونِـي فِـي حُقـوقِ هَواهُـم . . . فإنِّـي فَقِيـرٌ لا علـيَّ ولا مـعـي

وَإِن سجنونِي فِي سجـونِ جفاهُـم . . . دخَلـتُ عليهـم بالشفيـعِ المُشَفَّـع
أبو مدين التلمساني


Vous avez pris possession de mon esprit, de mes yeux, de mon ouïe
ainsi que de mon âme, de mes entrailles et de tout mon être;
Vous m’avez égaré dans la splendeur de votre beauté
et j’ignore où se trouve ma place d’ans l’océan de l’Amour;
Vous m’avez demandé de ne point divulguer votre secret,
mais les larmes qui ruissellent sur mes joues ont trahi ce que je cachais;
Et lorsque je fus à bout de patience et que ma fermeté fut anéantie,
que mon sommeil m’a quitté et que mon lit me fut interdit
Je suis allé voir le Juge des Amants et lui ai dit: 
Ceux que j’aime sont injustes avec moi:
ils m’ont dit: Qui es-tu, toi qui prétend aimer?
J’ai pour cela des témoins de ma passion et de ma souffrance
qui pourront justifier la plainte que je suis venu exposer:
Ce sont mon insomnie, ma peine d’amour et les douleurs qu’elle a enfantées
C’est aussi ma pâleur, la nostalgie du bien-aimé et les larmes qu’elle fait couler;
il est étrange que je souffre du manque de ceux que j’aime
Et que je réclame leur présence alors qu’ils ne m’ont jamais quitté;
Mes yeux les pleurent alors qu’ils sont dans leurs prunelles,
Mes flancs se plaignent de la séparation alors qu’ils sont logent au creux de ma poitrine,
Si l’on exigeait de moi une rançon à offrir pour avoir droit à leur amour,
Je ne suis qu’un pauvre démuni qui ne possède ni fortune ni crédit
Et s’ils m’enferment dans les prisons de leur injustice
J’y entrerai avec, sur mes lèvres, le nom de Celui dont on implore l’intercession.
Abou Madyan Shu’ayb, poète soufi (12e siècle)

Essai de traduction: S. Benbabaali

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