1. KALÂBÂDHÎ
Auteur d'un recueil de traditions commentées, c'est a dire un choix de hadith, paroles ou actes attribués, a travers une chaine de transmetteurs véridiques, au Prophète de l'islam. Kalâbâdhi est l'auteur du très célèbre "Kitab al-ta'arruf li madhhab ahl al-tasawwuf" recueil de pensées des maitres sufis.
Le Traité:
Écrit au Xe siècle, le Traité de soufisme de Kalâbâdhî est l'un des plus anciens. Éminente autorité spirituelle, l'auteur jette un pont entre l'orthodoxie et la mystique, devenues inconciliables après la condamnation et l'exécution de Hallâj à Bagdad. Il articule les sentences des premiers Maîtres du grand âge (Junayd, Dhû-l-Nûn Misrî, Râbi'a, Bistâmî, Nûrî, Chiblî...) aux versets coraniques et aux dits de la Tradition. Bien plus que biographe ou compilateur, l'auteur, grand initié lui-même, éclaire les stations et les demeures de la Voie, témoignant ainsi de son expérience spirituelle. Sans ce livre, nous ne connaîtrions pas vraiment le soufisme, disait Suhrawardi.
Source : G.C Anawati et Louis Gardet, Mystique Musulmane, Vrin
2. Extraits de l'ouvrage:
Exposé de leur doctrine sur les Attributs divins (sifât )
Les soufis sont unanimes à proclamer que Dieu possède des Attributs réels et par lesquels Il est qualifié, tels que : Science, Puissance, Force, Gloire, Mansuétude, Sagesse, Grandeur, Pouvoir irrésistible, Éternité, Vie, Volonté normative (irâda ) et Volonté créatrice (machî'a ). Ces Attributs ne sont ni des corps, ni des accidents, ni des substances, pas plus que Son Essence n'est un corps, ni un accident, ni une substance. Ils s'accordent également sur le fait que Dieu possède réellement ouïe et vue, face et main, mais qui ne sont pas comme l'ouïe, la vue, les faces et les mains (des créatures).
Ce sont pour Dieu des Attributs et non des membres, des organes, ou des éléments. Ils reconnaissent unanimement que ces Attributs ne sont ni Lui, ni rien d'autre que Lui. Affirmer leur existence ne signifie pas qu'Il a besoin d'eux, et que c'est par eux qu'Il produit les choses; mais leur signification est à la fois la négation de leurs contraires et l'affirmation qu'ils existent en tant que tels et qu'ils subsistent en Lui. Mentionner la Science divine ne signifie pas seulement la négation en Lui de l'ignorance, et la Puissance divine la négation de l'impuissance, mais c'est bel et bien affirmer cette Science et cette Puissance. Si la négation de l'ignorance suffisait pour être qualifié de savant, et celle de l'impuissance pour être qualifié de puissant, n'importe quelle chose inanimée dont on nierait l'ignorance et l'impuissance serait alors savante et puissante ! Il en irait de même pour tous les attributs.
L'attribution que nous Lui faisons nous-mêmes de telles qualités n'est pas forcément un Attribut pour Lui, mais notre attribution est celle d'une qualité qui existe en nous et qui est la transposition d'un Attribut subsistant en Lui. Quiconque fait de sa propre attribution un Attribut de Dieu, sans que cet Attribut ait été réellement affirmé de Dieu, est véritablement un menteur, mentionnant pour Dieu quelque chose qui ne saurait réellement Le qualifier.
Dieu peut bien être mentionné par quelqu'un d'autre, car l'acte de mentionner est un attribut de celui qui mentionne et non de celui qui est mentionné, tandis que celui qui est qualifié ne l'est pas forcément par l'attribution de celui qui lui accorde des qualités. Ainsi donc, si l'attribution de celui qui Le qualifie suffisait pour être un Attribut de Dieu, les attributions que Lui donnent les polythéistes et les infidèles seraient pour Lui des Attributs réels, tels qu'avoir une épouse, un fils et des égaux !
Dieu a affirmé Lui-même Sa transcendance par rapport à leurs attributions par Sa parole : « Gloire à Lui et qu'Il soit exalté au-dessus de ce qu'ils Lui attribuent ! » Il est en effet qualifiable par un Attribut qui subsiste en Lui et qui n'est pas distinct de Lui, comme lorsqu'Il dit : « Ils n'embrassent rien de Sa Science », « Il l'a fait,descendre par Sa Science », « Nulle femelle ne porte ou ne met bas si ce n'est par Sa Science », ou lorsqu'Il dit : « Celui qui détient la Force, le Ferme », « Celui qui détient la Faveur Immense », « A Dieu appartient l'Omnipotence, en totalité », « Celui qui détient la Majesté et la Munificence.
Ils reconnaissent unanimement encore que les Attributs ne sont ni différents ni identiques entre eux : Sa Science n'est pas Sa Puissance, ni pourtant rien d'autre que Sa Puissance; et il en est de même pour tous Ses Attributs, tels que l'Ouïe, la Vue, la Face, la Main : Son Ouïe n'est pas Sa Vue, et pourtant rien d'autre que Sa Vue, de même que Ses Attributs ne sont ni Lui, ni autres que Lui.
Mais ils divergent à propos des « allées » et « venues » et des « descentes » divines. La majorité pense que ce sont des Attributs de Dieu, selon le mode qui Lui convient, et dont on ne peut rien dire de plus que ce qu'on lit dans le Coran et ce que transmet la Tradition. Il faut y croire, et on ne doit pas en discuter. Selon Muhammad Ibn Mûsâ Wâsitî, Son Essence est inexplicable et il en va de même pour Ses Attributs, et ce qui montre bien le caractère impénétrable de Dieu, c'est que l'on désespère d'élucider la nature véritable des Attributs et les réalités profondes de l'Essence.
En revanche, on a donné l'interprétation allégorique suivante : « aller » à une chose signifierait pour Dieu lui faire parvenir ce qu'Il veut, « descendre » vers elle serait pour Lui s'occuper d'elle, en « être proche » ce serait l'honorer, en « être éloigné » serait la disgracier. Ce même procédé d'interprétation était appliqué pour tous les Attributs à caractère anthropomorphique (mutachâbiha ).
Source : G.C Anawati et Louis Gardet, Mystique Musulmane, Vrin
2. Extraits de l'ouvrage:
Exposé de leur doctrine sur les Attributs divins (sifât )
Les soufis sont unanimes à proclamer que Dieu possède des Attributs réels et par lesquels Il est qualifié, tels que : Science, Puissance, Force, Gloire, Mansuétude, Sagesse, Grandeur, Pouvoir irrésistible, Éternité, Vie, Volonté normative (irâda ) et Volonté créatrice (machî'a ). Ces Attributs ne sont ni des corps, ni des accidents, ni des substances, pas plus que Son Essence n'est un corps, ni un accident, ni une substance. Ils s'accordent également sur le fait que Dieu possède réellement ouïe et vue, face et main, mais qui ne sont pas comme l'ouïe, la vue, les faces et les mains (des créatures).
Ce sont pour Dieu des Attributs et non des membres, des organes, ou des éléments. Ils reconnaissent unanimement que ces Attributs ne sont ni Lui, ni rien d'autre que Lui. Affirmer leur existence ne signifie pas qu'Il a besoin d'eux, et que c'est par eux qu'Il produit les choses; mais leur signification est à la fois la négation de leurs contraires et l'affirmation qu'ils existent en tant que tels et qu'ils subsistent en Lui. Mentionner la Science divine ne signifie pas seulement la négation en Lui de l'ignorance, et la Puissance divine la négation de l'impuissance, mais c'est bel et bien affirmer cette Science et cette Puissance. Si la négation de l'ignorance suffisait pour être qualifié de savant, et celle de l'impuissance pour être qualifié de puissant, n'importe quelle chose inanimée dont on nierait l'ignorance et l'impuissance serait alors savante et puissante ! Il en irait de même pour tous les attributs.
L'attribution que nous Lui faisons nous-mêmes de telles qualités n'est pas forcément un Attribut pour Lui, mais notre attribution est celle d'une qualité qui existe en nous et qui est la transposition d'un Attribut subsistant en Lui. Quiconque fait de sa propre attribution un Attribut de Dieu, sans que cet Attribut ait été réellement affirmé de Dieu, est véritablement un menteur, mentionnant pour Dieu quelque chose qui ne saurait réellement Le qualifier.
Dieu peut bien être mentionné par quelqu'un d'autre, car l'acte de mentionner est un attribut de celui qui mentionne et non de celui qui est mentionné, tandis que celui qui est qualifié ne l'est pas forcément par l'attribution de celui qui lui accorde des qualités. Ainsi donc, si l'attribution de celui qui Le qualifie suffisait pour être un Attribut de Dieu, les attributions que Lui donnent les polythéistes et les infidèles seraient pour Lui des Attributs réels, tels qu'avoir une épouse, un fils et des égaux !
Dieu a affirmé Lui-même Sa transcendance par rapport à leurs attributions par Sa parole : « Gloire à Lui et qu'Il soit exalté au-dessus de ce qu'ils Lui attribuent ! » Il est en effet qualifiable par un Attribut qui subsiste en Lui et qui n'est pas distinct de Lui, comme lorsqu'Il dit : « Ils n'embrassent rien de Sa Science », « Il l'a fait,descendre par Sa Science », « Nulle femelle ne porte ou ne met bas si ce n'est par Sa Science », ou lorsqu'Il dit : « Celui qui détient la Force, le Ferme », « Celui qui détient la Faveur Immense », « A Dieu appartient l'Omnipotence, en totalité », « Celui qui détient la Majesté et la Munificence.
Ils reconnaissent unanimement encore que les Attributs ne sont ni différents ni identiques entre eux : Sa Science n'est pas Sa Puissance, ni pourtant rien d'autre que Sa Puissance; et il en est de même pour tous Ses Attributs, tels que l'Ouïe, la Vue, la Face, la Main : Son Ouïe n'est pas Sa Vue, et pourtant rien d'autre que Sa Vue, de même que Ses Attributs ne sont ni Lui, ni autres que Lui.
Mais ils divergent à propos des « allées » et « venues » et des « descentes » divines. La majorité pense que ce sont des Attributs de Dieu, selon le mode qui Lui convient, et dont on ne peut rien dire de plus que ce qu'on lit dans le Coran et ce que transmet la Tradition. Il faut y croire, et on ne doit pas en discuter. Selon Muhammad Ibn Mûsâ Wâsitî, Son Essence est inexplicable et il en va de même pour Ses Attributs, et ce qui montre bien le caractère impénétrable de Dieu, c'est que l'on désespère d'élucider la nature véritable des Attributs et les réalités profondes de l'Essence.
En revanche, on a donné l'interprétation allégorique suivante : « aller » à une chose signifierait pour Dieu lui faire parvenir ce qu'Il veut, « descendre » vers elle serait pour Lui s'occuper d'elle, en « être proche » ce serait l'honorer, en « être éloigné » serait la disgracier. Ce même procédé d'interprétation était appliqué pour tous les Attributs à caractère anthropomorphique (mutachâbiha ).
1 commentaire:
il est émouvant de voir comment Kalabadhi explique l'étymologie du mot soufisme. la sincerité et le manque de prise de position est vraiment scientifique.
ce fut un plaisir de vous rencontrer, je reviendrai si vous permettez è ce blog si intéressant!
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