(Un texte de présentation de mon regretté maître Kamel Malti)
1er extrait
La poésie andalouse est une constante célébration de la jeunesse:
- Jeunesse de l’année (les printanières sont innombrables)
- Jeunesse du jour avec les thèmes de la nuit qui fuit, de l’éveil à la vie, de la brise de l’aube et du parfum des fleurs
- Jeunesse de la femme, évocation pudique de ses charmes, de sa taille bien prise, du rose de ses joues, de son regard de gazelle ou de ses dets de perles; rien en revanche ne ressemble au blason européen, aucune description détaillée du courps de la belle.
La poésie andalouse est donc à la fois sacre du printemps et sacre de la femme.
Il arrive aussi que le poète andalou chante la beauté d’un coucher de soleil ou d’une nuit étoilée, surtout lorsque le souvenir de sabelle le tient éveillé ou que la contemplation des Pleiades et plus souyvent encore de la lune le ramène à celle qu’il n’a jamais quittée.
Mais rien dans ces poésies du crépuscule ou de la nuit qui ait la tonalité sombre ou tragique des poèmes européens composés sur le même thème: on y chercherait en vain par exemple l’équivalent du vers tragique de Baudelaire: “ Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige”.
Un poème printanier:
Extraits choisis sur ces thèmes:
Le printemps est arrivé et les parterres du jardin sont embellis
Devant tant de beauté, mon âme est réjouie !
Lève-toi et regarde ployer les rameaux sous le poids des bourgeons
Que les pleurs des nuages ont alourdis.
Lève-toi et regarde les branches ployant sous le poids des fruits
Lève-toi et regarde les branches!
Le jardin a revêtu un habit de fleurs,
D’un habit de fleurs, le jardin s’est revêtu.
Laisse-moi, compagnon, remplir ma coupe de vin,
Laisse-moi, compagnon !
Lève-toi et regarde ployer les rameaux sous le poids des bourgeons
Que les pleurs des nuages ont alourdis.
Traduction de Saadane Benbabaali
Poème du matin:
Tâb a-sabûh:
Ô commensal, l’aube est agréable et le myrte balance ses tiges ;
La rosée répand ses perles et la douce brise caresse
Toutes les plantes qui s’éveillent et s’épanouissent.
Le jardin redouble de charme ! Tout renaît et tout respire !
Les oiseaux chantent à tue-tête, et toi tu dors encore !
Le rossignol juché sur la branche lance son chant puissant et clair !
Regarde l’eau abondante dans les canaux
Elle serpente parmi les tiges des arbustes ;
Le jasmin se mêle aux fleurs d’oranger,
Et le myrte aux églantines.
Écoute les cordes du luth et leurs mélodies
Résonner dans la splendeur de l’aurore !
Regarde comme l’aube lance ses premiers rayons !
Alors remplis nos coupes à ras bord,
Et sers la reine des belles aux yeux pers !
Traduction de Saadane Benbabaali
Jeunesse et beauté de la bien-aimée: ghuzayyalî ahyaf
Ma tendre gazelle est toute grâce et ses yeux langoureux.
Délicate et charmante, elle irradie le jour.
Ses lèvres ont un goût de miel, élixir de vie.
Un grain de beauté ajoute à l’éclat de son visage ;
Et ses yeux ont la couleur sombre du crépuscule.
Traduction Kamel Malti
1 commentaire:
ألف شكر للمجهود الكبير في التعريف
بالأدب العربي، وإماطة اللثام
عما به من شهادات على ما بلغته الحضارة العربية.
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