Notes du cours du 14 Novembre 2012
Par Paul Lucas (étudiant en L1)
الليلة 206
: قالت شهرزاد
بلغني أيها امللك السعيد أن امللك شهرمان قبل رأي الوزير في ذلك اليوم ونام تلك الليلة وهو مشتغل القلب على ولده ألنه كان يحبه محبة عظيمة حيث لم يكن له سواه ، وكان امللك شهرمان كل ليلة ال يأتيه نوم حتى يجعل ذراعه حتت رقبة قمر الزمان وينام ، فبات امللك الليلة وهو متشوش اخلاطر من أجله وصار يتقلب من جنب إلى جنب كأنه نائم على جمر اللظى وحلقه الوسواس ولم يأخذه نوم في تلك الليلة بطولها : وذرغت عيناه بالدموع وأنشد قول الشاعر لقد طال ليلي والوشاة هجـوع ........ وناهيك قلباً بالفـراق مـروع أقول وليلي زاد بالهم طـولـه ........ أما لك يا ضوء الصباح رجوع : وقال آخر
لا رأيت النجم سـاه طـرفـه ........ والقلب قد ألقى عليه سباتـا
: وقال آخر
لا رأيت النجم سـاه طـرفـه ........ والقلب قد ألقى عليه سباتـام وبنات نعش في احلداد سوافرا ........ أيقنت أن صباحه قد مـاتـا . هذا ما كان من أمر امللك شهرمان وأما ما كان من أمر قمر الزمان فإنه ملا قدم عليه الليل قدم له اخلادم الفانوس وأوقدوا له شمعة وجعلها في شمعدان وقدم له شيئاً من املأكل فأكل قليالً وصار : يعاتب نفسه حيث أساء األدب في حق أبيه امللك شهرمان وقال في نفسه ? ألم تعلم أن ابن آدم رهني لسانه وأن لسان اآلدمي هو الذي يوقعه في املهالك ولم يزل يعاتب نفسه ويلومها حتى غلبت عليه الدموع واحترق قلبه املصدوع وندم : على ما خرج من لسانه في حق امللك غاية الندم وأنشد هذين البيتني يوت الفتى من عثرة في لسانه ........ وليس ميوت املرء من عثرة الرجلم فعثرته من فيه تقضي بحتـفـه ........ وعثرته بالرجل تبرأ على مـهـل ثم إن قمر الزمان ملا فرغ من األكل والشرب طلب أن يغسل يديه فغسل من الطعام . وتوضأ وصلى املغرب والعشاء وجلس
Après avoir lu cette nuit, le lecteur est appelé à s’interroger sur la nature du lien qui rattache
Shahraman à son fils Qamar az-Zaman. Certes, l’amour que son père porte à
son fils est somme toute naturel, de même que paraît compréhensible son
affliction à voir son fils éloigné de lui, emprisonné dans une des tourelles de
la forteresse du roi, mais dans une chambre où tout le confort lui a été
assuré.
Rappelons que ce dernier a osé contredire son père devant tous les
représentants du royaume ! On a d’abord l’impression que l’amour du père pour
son fils est excessif, ce premier ne pouvant jamais se séparer de lui, au point
de dormir avec lui, toutes les nuits, la tête de l’enfant sur les bras du roi.
De fait, dans cette nuit (celle de son emprisonnement), l’absence de son fils
l’empêche de trouver le sommeil. On pourrait déjà avancer deux raisons qui
justifieraient un tel comportement.
- Première raison : l’attachement du père a son fils, dont la naissance a
été tant désirée, ( peut être dû au fait qu’il est l’unique héritier du
royaume).
- Deuxième raison, plus probable, est le rôle de substitution que son père
va lui attribuer. Shahraman adopte un comportement infantilisant vis-à-vis de
son fils, comme si ce dernier ne pouvait dormir seul à son âge. D’ailleurs,
cette peur de la séparation, semble n’avoir de prise que sur Shahraman, comme
si son fils ne dormant pas avec lui, serait perdu à jamais. Il faut aussi
remarquer l’absence du rôle de l’épouse, qui aurait pourtant dû jouer un rôle
plus grand dans l’histoire, tant sa naissance avait été sujet à tant
d’angoisses pour Shahraman. En fait, Qamar az-Zaman remplace dans cette
histoire l’épouse, sa place étant restée vacante. De fait, la présence de cette
dernière aurait pu s’avérer être gênante, le père ne pouvant adopter un tel
comportement en sa présence.
Cependant, la présence d’autres éléments dans le texte nous montre que la
relation fils- père
est encore plus ambigüe qu’elle n’y paraît. Ainsi, la présence
d’expressions telles « son cœur brisé s’embrasa », « le sommeil n’eut aucune
prise sur lui », ainsi que le poème anonyme appartenant au genre ghazal, cité
par le père nous rappelle plutôt le comportement d’un amant éprouvé par la
séparation de sa bien aimée plutôt que celle d’un père pour un fils. D’où le
caractère incestueux de la relation suggérée par le texte. Cet aspect
incestueux est renforcé par la présence dans la troisième nuit d’un poème
relativement classique jurant sur la beauté de Qamar az- Zaman, reprenant de
nombreux termes et expressions en vogue lors de la période abbasside avec l’
emploi d’ expressions telles , « son duvet de myrte », « le rose de ses joues
», « même un soleil dans tout son éclat ne l’atteindrait point », autant de
termes et d’expressions qui servent d’ habitude a décrire la beauté … d’une
femme. La présence du poème dans cette nuit- là trouve maintenant toute sa
justification.
Mais attardons nous sur le thème (en arabe gharad) de l’amour, suggéré dans cette nuit, qui
nous intéresse ici. L’amour englobe de fait nombre des sous-thèmes ou «
motifs » tels la séparation, la rencontre etc. S’y insèrent ensuite des «
motifs secondaires », ces motifs secondaires étant des manifestations de ces
mêmes motifs, par exemple, les pleurs de l’amant, la maigreur et bien sûr
l’insomnie, qui frappe Shahraman, comme dans ce vers extrait du quatrain
incrusté dans cette nuit : « ma nuit est longue et les délateurs s’assoupissent
». Remarquons d’ ailleurs la présence dans cet hémistiche d’un des quatre
ennemis des amants. Énumérons-les :
-le raqîb, (le guetteur, le surveillant) engagé par la famille pour épier
les amants
-le wâshi, (le délateur, le calomniateur) qui dénonce et dit du mal des
amoureux
-le censeur (‘adhûl), qui
se fait représentant de la morale sociale
-le blâmeur ( lâ’im).
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